J'ai testé... Edumix2017
Publié par Céline Neau, le 13 octobre 2017 3.9k
Après le format Muséomix et Garomix, l'éducation se fait remixer à son tour. L'école d'ingénieur Télécom Saint-Etienne vient de passer 3 jours à "casser ses murs", petit retour sur la 2ème édition de cet événement national.
Mercredi matin, Télécom Saint-Etienne ouvre ses portes à une soixantaine de participants de tout horizon. Designer de Saint-Etienne, enseignant de Bézier, responsable pédagogique de Lille, étudiant de Télécom... se retrouvent pour vivre 3 journées non stop en mode marathon. L'objectif : relever les défis de l'éducation de demain dans une école de l'enseignement supérieur. L'ambiance est joyeuse et enthousiaste : j'ai hâte de m'y mettre!
Le transdisciplinaire en pratique
BINGO! Après une rapide visite de l'école, les équipes se forment, en croisant les profils. On vante en permanence les mérites des projets interdisciplinaires, cloisonner les matières à l'école paraît obsolète et l'on mode du rêve projet : alors testons-le nous mêmes!
Faire travailler des élèves en groupe n'est jamais simple. Ici, les rôles ne sont pas distribués et aucun chef de groupe n'est désigné. Le départ se fait donc sans surprise à tâtons. Nous discutons, nous interrogeons, avançons puis reculons dans nos idées.... Et peu à peu un discours commun se construit : nous devenons une équipe!
Puis, très vite, le projet se met en marche : l'une propose une méthodologie de travail, l'autre créé nos outils collaboratifs, ou rédige la description du projet. Je nous regarde faire et j'aime ce que je vois : l'alliance de nos compétences se matérialise!
Le sprint créatif
Le challenge d'Edumix est de pouvoir aboutir en 3 jours à des présentations concrètes qui répondent à 7 défis différents.
Finalement, la réflexion de fonds est assez superficielle et j'en suis un peu déstabilisée. Pas le temps pour débattre ou approfondir le sujet. On évite bien sûr les heures de réunions, les recherches sans fin sur le net, le temps de décantation pour prendre du recul... Mais c'est aussi pour cela que je suis là : voir ce qui sort d'un format marathon.
Même les mots se veulent percutants et efficaces : nous faisons un kick-off, pitchons, hackons puis faisons un crash test ... Notre équipe développe un nouveau mode pédagogique mais c'est un détail de notre projet qui retient l'attention du public : nos télécoins (inspirés des bitcoins). C'est peut être ça l'innovation : savoir rebondir sur ce que les autres retiennent de ce qui nous a échappé.
Alors que notre projet est à peine clair pour l'équipe, il faut déjà avoir en tête la manière dont on le présentera. C'est le jeu : mieux vaut bien présenter une idée partielle que de présenter partiellement une idée construite.
Alors passons aux choses sérieuses : il est l'heure de construire! Le sprint créatif prend alors tout son sens à mes yeux : en 1 journée et demi, on produit des vidéos + applis + maquettes 3D. Certains conçoivent des jeux de rôles, transforment l'espace, développent des univers... Je suis bluffée par ce qui prend peu à peu forme dans les équipes, lorsque je cours d'une salle à l'autre, au milieu de ce fourmillement!
On y est! Edumix devient un tourbillon créatif qui accélère de minute en minute! C'est vivant, drôle, inspirant, fédérateur, grisant!
Les rouages de la machine
Travailler ensemble est un moteur très efficace. Mais c'est pour moi l'organisation d'Edumix qui rend la machine réellement puissante. Chaque équipe bénéficie d'une personne facilitatrice, qui pousse le projet et lève les obstacles. Un techshop est mis à disposition "Ici, vous pouvez venir nous demander des choses et l'on vous dira toujours oui" - modéliser le hall en réalité virtuelle, pas de soucis! Il y a la matière première, les machines, les compétences techniques, les espaces de travail, les connexions, l'espace café ouvert en permanence... Nous formulons un besoin, nous avions une solution amenée! L'équipe organisatrice est au top!
C'est finalement cela qui manque parfois dans le quotidien professionnel : la possibilité de pouvoir avancer en continu sur un projet, sans se faire arrêter par aucune barrière. Ici pas de coup de fil, de mails ou de dispersion : une seule chose sur laquelle se focaliser. Pas non plus de lenteur administrative, d'autorisations, de validation : on maîtrise le circuit du début à la fin.
Finalement, on a tout à disposition, et on est à la seule disposition du projet. Redoutablement simple et efficace!
Et maintenant?
Edumix se termine finalement aussi vite que cela a commencé. On a débuté en criant BINGO et on finit par un clap de fin. Puis les maquettes sont déconstruites, les tableaux effacés, les affiches rangées et l'école se vide peu à peu.
Je quitte les murs un peu fatiguée, en étant curieuse de ce qu'il en restera lors de ma prochaine venue entre ces murs.
Et je me dis qu'Edumix restera sans doute comme un pic d'adrénaline dans nos quotidiens professionnels. La preuve que l'on peut - en quelques heures - donner vie à des idées créées par des personnes qui viennent tout juste de se rencontrer.