La pollution lumineuse dans nos contrées

Publié par Pierre Habig, le 31 octobre 2017   2.6k

La pollution lumineuse est un sujet dont on entend parler de plus en plus souvent, surtout depuis qu’année après année la prise de conscience écologique vis-à-vis des activités humaines est de plus en plus prégnante dans la société. Cette pollution lumineuse possède plusieurs axes de lecture : gaspillage énergétique, impacts sur le rythme biologique des populations animales nocturnes, impacts sur le sommeil, disparition partielle voir totale du spectacle naturel de la voute étoilée dans les zones urbanisées. A ce sujet, un atlas mondial de la pollution lumineuse est disponible ici :


La plupart voire la totalité des articles « grand public » traitant du sujet sont illustrés de magnifiques photos du ciel étoilé. Ces illustrations, bien que représentant des choses réelles sont trompeuses dans le sens où elles ne représentent absolument pas ce qu’il est possible de voir à l’œil nu, et donc de voir avec un ciel faiblement voire non pollué. Ce que ces articles ne mentionnent pas, c’est que ces images ne sont possibles que grâce à une technique photographique complexe ayant permis leur élaboration (utilisation d’appareils reflex dont le capteur est beaucoup plus sensible à la lumière que l’œil humain, utilisation d’appareils défiltrés, c’est-à-dire modifiés techniquement pour que leurs capteurs soient sensibles à un plus large panel d’ondes lumineuses que les appareils reflex standards, permettant de faire apparaitre plus de couleurs), technique d’empilement de dizaines voire centaines de photos pour mieux faire ressortir les détails, traitement des photos sur logiciels de retouche).

Qu’en est-il réellement, vis-à-vis de l’expérience de l’observateur à l’œil nu. Lors de la dernière fête de la science où une conférence a eu lieu sur le sujet : « le ciel est-il encore noir ? », là aussi illustré d’une photo somptueuse de voute étoilée, j’ai eu envie d’apporter une illustration réaliste, certes moins « sexy » mais certainement plus parlante, et locale.

La première photo, prise depuis le Guizay montre St-Etienne de nuit sous un filé d’étoiles. 


Pour réaliser cette image, des photos successives ont été empilées afin de faire apparaitre le déplacement des étoiles dues à la rotation de la Terre sur une période de temps d’une demi-heure environ. Les paramètres de prises de vue choisis sont telles que les photos représentent à peu près ce qu’il était possible de voir à l’œil nu ce soir-là. Par cette méthode de filé, les étoiles apparaissent plus facilement surtout dans un ciel à forte pollution lumineuse, permettant de les dénombrer plus aisément. On s’aperçoit tout de suite qu’ici, l’expérience de l’observateur est extrêmement pauvre, une vingtaine d’étoiles est visible tout au plus.

Allons maintenant à Riotord, en Haute-Loire, en bordure du parc du Pilat pour la deuxième photo. 


Comme au Guizay, le filé d’étoiles représente environ 30 min de pose totale, avec des paramètres de prise de vue identiques. Maintenant, on ne risque plus à compter les trainées d’étoiles tant leur nombres est important par rapport à la photo du Guizay.

Bien que la pollution lumineuse est ici toujours présente mais à un degré moindre (la coloration orangée du ciel est bien présente près de l’horizon), cette comparaison permet de se rendre compte de manière réaliste de l’impact visuel de la pollution lumineuse sur la qualité du ciel nocturne.