Le climat, tous ensemble
Publié par Bernard Guy, le 2 décembre 2024 26
Il est indéniable aujourd’hui qu’une part de l’activité humaine a des effets négatifs sur la planète : perte de biodiversité, pollutions, pesticides, dérèglement des cycles d’éléments chimiques et de l’eau, etc… L’un des malheureux symboles en est celui de la bouteille plastique flottant ici et là… En revanche, la part de l’activité humaine dans le réchauffement climatique ne se voit pas : elle se déduit d’un ensemble de relevés, d’une chaîne de raisonnements, appuyée sur divers modèles. Ces deux registres ne sont pas étrangers l’un à l’autre, mais ne peuvent être confondus (1) : celui de l’observation empirique, immédiate, d’une part, celui de la recherche scientifique et de son laborieux appareillage, d’autre part.
Diverses sources ont fait remarquer récemment que le « climato scepticisme » progressait dans l’opinion et que de nombreux livres paraissaient sur le sujet, avec une diffusion appréciable. Comment le comprendre ? Regardons le problème en face et séparons momentanément, autant que faire se peut, les aspects scientifiques des aspects politiques et sociétaux de la question. D’abord, pour dire que les auteurs de ces livres sont des scientifiques de premier plan qui ne nient pas le réchauffement climatique (ils préfèrent s’appeler « climato réalistes » (2)) mais pensent utile d’en discuter les arguments scientifiques. Ce sont ces arguments qu’il faut remettre sur le métier, en soulignant à la fois les divers points qui ne s’accordent pas facilement avec le thème de la responsabilité humaine — les données historiques et géologiques, autant que certains calculs et modèles et les pistes qu’il ne faut pas oublier d’examiner — le rôle du soleil, les paramètres orbitaux de la terre. Rien n’est de trop pour redire la grande complexité du système climatique dont le fonctionnement ne peut se résumer au rôle d’une teneur en gaz dans l’atmosphère. Ce système intègre une multitude de compartiments et paramètres – les océans, les différentes strates de l’atmosphère, la répartition des continents et des mers, la couverture nuageuse, la présence d’aérosols et particules fines, la réflexion solaire…
Il faut assurément relire les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Ils ont le mérite d’étudier la multitude des domaines affectés par le réchauffement climatique (du fonctionnement de la nature à la marche des sociétés humaines) et de préparer les nécessaires adaptations de nos sociétés (3). L’évaluation de la responsabilité humaine dans le changement climatique n’en est qu’une toute petite partie et les années récentes ont montré diverses limites aux modèles proposés.
Peut-on au moins conclure qu’il faut continuer à faire avancer notre connaissance scientifique sans laisser de côté les points qui posent un problème ? Nos concitoyens qui n’avalisent pas sans discuter un seul narratif n’ont-ils pas une saine réaction ? Ne faut-il pas alors, aussi, accorder flexibilité et délai à l’imposition des directives politiques de la transition écologique (difficiles et coûteuses à mettre en œuvre, alors que nous cherchons des économies), et tenir compte du reste du monde qui a lui aussi besoin d’énergie ? Il faut raison garder et préparer des compromis (4).
Merci à Philippe Dujardin pour son aide dans la rédaction de ce texte. Ph. D. est également l’auteur de la photographie proposée en visuel principal.
(1) Le mot climat est souvent employé aujourd’hui dans un sens large qui dépasse le seul climat au sens scientifique et qui renvoie à toutes les nuisances causées par l’homme sur la nature (le procédé de langage s’appelle la synecdoque, comme de dire ‘une voile’ pour ‘un bateau’). Cela entraîne une confusion dans les échanges sur le sujet où scientifiques, hommes politiques, journalistes, citoyens, militants, essaient de travailler de conserve (confusion sur le périmètre accordé au mot climat, en plus de la confusion mentionnée dans le texte sur le statut des arguments intervenant dans la discussion : observation immédiate / recherche scientifique)
(2) https://www.climato-realistes.fr/
(3) https://www.ipcc.ch/assessment-report/ar6/
La prise de conscience des influences dommageables de l’homme sur notre terre a un effet positif : encouragement au souci et au respect de la nature, frein à la surconsommation et au gaspillage, incitation à la sobriété, aux économies d’énergie, actions pour une meilleure isolation des habitations, élaboration de nouvelles technologies de production et de stockage de l’énergie, stimulation de la recherche en physique des matériaux, etc., sans oublier la solidarité avec ceux qui souffrent le plus des dégradations de la terre. Le taux d’émission de CO2 peut servir d’indicateur et d’alerte sur nos activités possiblement néfastes.
(4) Devant les oppositions qui se manifestent parfois durement sur ces questions, pouvons-nous plaider pour la modération ? Dans cette histoire, un doute en tout cas n’est pas permis : la responsabilité du climat entre les hommes est a priori humaine avec une très faible incertitude.