Le management responsable pour la performance des organisations

Publié par Joao Luis Ferreira Caetano, le 19 janvier 2017   4.4k

Avec les défis sociétaux actuels ainsi que les crises que rencontre le monde aujourd’hui : la production mondiale et le mode de vie consistant à consommer ont nui aux ressources naturelles, les multiples accidents de travail et le non-respect des droits de l’homme, l’égalité homme / femme, la pollution, le réchauffement climatique...chaque individu doit mener des actions et changer son comportement vers un être responsable à tous les niveaux. Plus généralement, les sociétés doivent penser à des plans à long terme pour atteindre la performance globale. Dans un contexte plus borné, les entreprises doivent adopter le management responsable dans le but de mettre en œuvre des modèles de croissance intelligents, durables et solidaires. C’est pour cette raison que l’organisation internationale de normalisation (ISO) a pris en considération tous ses facteurs pour créer la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociale/ sociétale des entreprises. Ceci peut être ainsi considérer un indicateur permettant de « mesurer » le taux de contribution des entreprises au développement durable.

Sandrine Berger-Douce, chercheuse de stratégie et management.Sandrine Berger-Douce est responsable du département « Management responsable et innovations », Professeur de management à l’école des mines de Saint-Etienne et auteur d’une thèse sur les décisions stratégiques des petites et moyennes entreprises. Elle nous expliquera comment le management responsable est un levier de performance globale et en même temps un facteur de croissance économique.

Le rôle du management responsable dans la performance globale

Tout d’abord, le concept de management responsable vise à aider les entreprises à la prise de décisions responsables. En effet, il prend en compte les enjeux du développement durable, plus particulièrement ceux liés à l’environnement. Le management responsable contribue également aux enjeux de développement durable. Il valorise l’écoconception et intègre la dimension humaine dans toutes ses démarches. L’un de ses objectifs principaux est d’améliorer la qualité de vie dans les entreprises mais aussi des relations entre l’entreprise et le client et entre l’entreprise et le fournisseur. Par ailleurs, le management responsable accompagne les porteurs de projets, les personnes désirant d’ouvrir une start-up par exemple, dans leurs démarches et les invite à réfléchir à la question de responsabilité sociétale tout au long de leur projet.

Aujourd’hui, la question de responsabilité sociétale devient une question d’actualité. Dès lors, les petites et moyennes entreprises sont autant concernées que les grandes entreprises qui investissent dans le management responsable. En fait, pour rester compétitive, chaque entreprise a besoin de se démarquer en adoptant des stratégies de management responsable véritable vecteur d’image et de réputation de l’entreprise.

Cependant, être « sociétalement responsable » implique un grand investissement en temps et en argent pour atteindre des résultats qui ne sont pas forcément perçus à court terme. C’est pour cette raison que certaines petites et moyennes entreprises se voient dans l’incapacité d’investir dans ce type de projets. Dans ce contexte, des chercheurs, notamment Sandrine Berger-Douce, essaient de monter que ce n’est pas toujours le cas.

En effet, la performance est un élément central dans la stratégie de l’entreprise. Historiquement, elle a été mesurée en se basant seulement sur les indicateurs économiques d’une entreprise et non sur le contexte global. Dans ses travaux sur la performance, Sandrine traite le concept de performance globale comme un ensemble des indicateurs qui mesure les performances économiques, sociales et environnementales. Elle affirme que le fait d’être « sociétalement responsable » n’apporte pas seulement une bonne image de l’entreprise mais aussi devient catalyseur d’innovation. Comme l'innovation a directement un lien avec la réduction de coûts, la production du revenu et la satisfaction du client, la Responsabilité Sociétale peut aussi être responsable de l'amélioration de performance économique. Par ailleurs, une amélioration de la qualité de vie dans le travail des salariés donne une certaine dynamique à l’entreprise, ce qui assure son bon fonctionnement. Un cas particulier qui illustre ce qui a été dit est celui de la petite et moyenne entreprise POCHECO.

L’exemple de POCHECO

L’entreprise POCHECO fabrique des enveloppes, des pochettes et des sacs à soufflets. Grâce à son dirigeant actuel, Emmanuel Druon qui est une personne très dynamique, très motivée et assez active dans la vie associative de la région, l’entreprise évolue et développe sa politique en termes de responsabilité sociétale. En effet, le dirigeant a créé une sorte de laboratoire d’expérimentation au sein de l’entreprise pour améliorer cette dernière dans tous les niveaux. Il a rénové le site industriel afin de réduire les coûts de consommation d’énergie, il a créé des systèmes de récupération d’eau et il a essayé d’établir des systèmes fonctionnant en cycles fermés afin de développer la culture d’écoconception dans cette entreprise. Par ailleurs, il est parvenu à trouver des ressources hydriques en utilisant la toiture végétalisée et il a mis en place des panneaux photovoltaïques. En somme, cette entreprise en adoptant des stratégies s’inscrivant dans le cadre du management responsable, a presque réduit à zéro ses impacts sur l’environnement tout en restant économiquement performant. Elle a démontré que le fait de travailler de manière écologique est plus économique.

Photographie aérienne du site de Pocheco, à gauche, et de son directeur, Emmanuel Druon, à droite

Bien que les stratégies adoptées par cette PME soient efficaces pour atteindre la performance globale, elles ne sont pas universelles et ne marchent donc pas pour toutes les PME. En effet, chaque entreprise doit mettre en place ses propres actions menant à la performance globale et à l’affrontement des enjeux sociétaux actuels. De surcroît, chaque entreprise doit faire preuve du volontarisme et de l’envie de réaliser la transition vers un nouveau mode de fonctionnement qui réalise un compromis entre l’environnement et la valorisation de l’homme d’une part, et le bénéfice d’autre part. Elle doit également être consciente du fait que s’investir dans le management responsable n’a pas forcément des résultats à court-terme.

La place du management responsable dans l’entreprise du futur

Dans le cadre de l’entreprise du futur, Sandrine Berger-Douce voit qu’un nouveau type juridique d’entreprise peut être inventé pour mener à une entreprise « responsable sociétalement » qui prend en très grande considération la dimension humaine dans son fonctionnement ainsi que la dimension écologique qui lui permettra donc de respecter l’environnement et de penser à des solutions aux problèmes relatifs au changement climatique et à la pollution. Ceci ne peut bien sûr pas être réalisé sans sensibilisation. C’est pour cette raison que l’éducation, ou bien l’école, joue un rôle important dans la formation d’individus capables de penser à la question de responsabilité sociétale tout en leur ouvrant au monde actuel avec tous ses enjeux et les stratégies qu’il met en œuvre pour un fonctionnement sein de la planète.

Pour conclure, le management responsable ne concerne pas que les entreprises. Au contraire, chaque individu sur cette planète doit mener des actions à la fois individuelles et collectives et doit s’engager au long terme pour le bon fonctionnement de la planète.


Pour en savoir plus:

    • Intervention de Sandrine Berger-Douce lors du colloque Institut Mines-Télécom "Société, Entreprie, Economie: les transgormations à l'oeuvre", à Paris : cliquez ici.
    • L'édition 22 de la série Regards sur les PME, 2012, intitulé "RSE, source de compétitivité pour les PME" et publié par OSEO décrit l'importance de l'RSE pour les PME et quelques cas des entreprises qui ont adopté la responsabilité sociétale comme un facteur de competitivité.



João Luis Caetano et Fatima Ezzahra Jabiri - élèves de l'École des Mines de Saint-Étienne