Mathieu Vidard : "On est tous en capacité d’absorber de la science et d’aimer ça, passionnément."
Publié par Christine Berton, le 22 octobre 2018 2.1k
Mathieu Vidard est la preuve vivante que tous les goûts peuvent mener aux sciences ! Littéraire de formation, passionné de radio, de chant lyrique et de voyages en cargo, son éclectisme le conduit vers un sentier sur lequel il n’aurait pas penser s’aventurer : celui des sciences pour lesquelles il nourrit depuis 12 ans un appétit insatiable !
Comme Jean Vilar rêvait d’un « théâtre pour tous », Mathieu Vidard et son équipe travaillent chaque jour à partager l’actualité des sciences avec tous. Et les auditeurs sont nombreux à écouter, en direct ou en podcast, toutes les sciences décryptées et questionnées sur France Inter ; à 7 h 20 avec L’Edito Carré, et de 12 h à 14 h, dans La Tête au Carré.
En octobre 2018, le journaliste et producteur de ces émissions assurait la présidence des Prix Diderot de l’Amcsti (réseau professionnel des cultures scientifiques, technique et industrielle).
A cette occasion, il nous accordait un entretien téléphonique à lire sur EchoSciences Loire ou à écouter sur la chaîne Soundcloud de La Rotonde.
UN PARCOURS DES LETTRES AUX SCIENCES
Je crois que les choses n’étaient pas déterminées et en tout cas, elles ne l’étaient pas du tout pour aller dans le sens de la science. Mon parcours a été plutôt, s’il fallait choisir, celui d’un littéraire que d’un scientifique parce que j’ai toujours été un peu à la traîne dans les matières comme les maths, la physique ou la chimie. Et puis j’étais plus porté vers les langues vivantes. Donc, c’est vrai que mon parcours scientifique, ça a été le hasard le plus total dans ma vie et un des plus heureux hasards que j’ai pu vivre parce que j’avoue qu’aujourd’hui ma vie est remplie de sciences et que ça me porte à titre personnel. Voilà, c’est le hasard qui a fait qu’un jour, on me propose cette émission et que j’ai eu beaucoup de chance finalement de tomber là, à ce moment-là et d'embrayer sur cette aventure.
Bon nombre de personnes peuvent se reconnaître dans ce désamour initial par rapport aux sciences qui sont toujours l’étalon auquel on mesure la réussite scolaire encore aujourd’hui
Oui, il y a eu un terrible malentendu et je pense que j’aurais pu vraiment passer à côté de tout ce que j’apprends aujourd’hui grâce à la science, parce que j’ai été dans cette espèce de clivage mental qui fait qu’à un moment, on se considère plus littéraire que scientifique et que voilà, on défend presque une école alors qu’on est dans l’erreur. Alors que la science, c’est avant tout de la culture, qu’elle nous concerne au quotidien, et qu’il y a peut-être des matières un peu déformantes et traumatisantes comme les mathématiques ou la physique qui font que certains individus comme moi ont pu être un petit peu sur la défensive et pas se laisser aller complètement jusqu’au bout de la curiosité. Heureusement, la curiosité m’a rattrapé et j’ai pu m’intéresser à ces matières-là plus tard. Mais c’est vrai qu’à l’école, on peut vite tomber dans des classements et dans des catégories qui nous définissent alors qu’en réalité, on peut tout à fait voyager dans plein d’univers différents même si on s’en croit incapables à l’origine. Moi j’étais bien loin d’imaginer qu’un jour j’allais interviewer des chercheurs et parmi les plus grands ! Ça m’a vraiment fait peur d’ailleurs au départ parce que je ne me sentais pas du tout à la hauteur de l’enjeu. Mais finalement, les scientifiques sont des gens qui savent aussi expliquer ce qu’ils font à tout le monde et ça change tout. Donc je pense qu’on est tous en capacité finalement d’absorber de la science et d’aimer ça, passionnément. Et donc voilà, faut pas se laisser traumatiser par des expériences parfois un petit peu négatives ou difficiles parce que derrière ça, il y a beaucoup de choses à explorer qui sont vraiment extraordinaires.
RELEVER LE DÉFI DE LA TÊTE AU CARRÉ
En fait, quand on s’est embarqués dans la TAC, on était vraiment dans l’incertitude et puis le questionnement de se dire « est-ce qu’on va être capables d’abord d’interroger les gens qu’on va recevoir ? est-ce qu’on va être à la hauteur des scientifiques qui vont venir à notre micro ? » Je dis « on » parce que c’était vraiment un travail d’équipe dès le départ et que, mon équipe, comme moi, n’étions pas du tout des scientifiques au départ. Donc, ce sont des questions qu’on s’est posées et on a eu très peur pendant quelques semaines. Et moi je me suis même dit que cette émission n'allait pas durer très longtemps parce que rapidement j’allais être démasqué comme un ex-nul en maths et en physique et que ça ne pourrait pas tenir ! On a donc beaucoup travaillé, on a beaucoup lu parce qu’on avait tout à apprendre. On a bûché un peu comme des étudiants pendant plusieurs mois. Vraiment les 1ères années de la TAC ont été pour nous des années d’initiation où on a un peu fait nos universités en fait, parce qu'il fallait qu’on découvre l’étendue d’abord du champ disciplinaire scientifique qui est extrêmement vaste et puis qu’on arrive quand même à se familiariser avec certaines grandes théories, certaines notions incontournables de la science. Donc, pour ça, il a fallu bûcher. Et puis, peut-être qu’il y a eu un moment déclencheur pour nous, qui a été, 1 an et demi après le début de l’émission, le Prix Nobel de Physique Albert Fert. Ça a été un peu notre baptême du feu parce que, pendant un an on a reçu de grands scientifiques mais, le jour où on a eu affaire à Albert Fert, qui venait juste de recevoir le Prix Nobel d’ailleurs puisqu’on l’a reçu le jour-même, on a été absolument terrorisés à l’idée d’être obligés de parler de spintronique des électrons pendant 1 h et de magnétorésistance géante. Mais je peux vous dire, qu’une fois que ça a été fait et qu’on a été capables de mener cette émission jusqu’au bout, il y a eu une espèce d’effet libérateur qui, tout d’un coup, nous a fait nous dire qu’on pourrait maintenant interviewer n’importe quel chercheur sur n’importe quel sujet, et que dès lors qu’on était face à des gens chaleureux, ouverts, avec le souci d’expliquer, on pourrait y arriver. Donc pour moi, ça a peut-être été ce petit événement-là, dans notre parcours, qui a fait qu’on a basculé vers quelque chose peut-être de plus détendu et qu’on s’est vraiment laissé aller à notre curiosité en se disant : « Maintenant, on va ne faire que des sujets qui nous intéressent et nous titillent ». Et même si on ne les comprend pas forcément, même si on n’a pas encore toutes les clés pour faire l’entretien, c’est pas grave, on va quand même inviter des gens et puis on va prendre du plaisir, et c’est ça avant tout. Et surtout en se disant que les gens qui nous écoutent sont comme nous. Ils n’ont pas forcément le bagage scientifique, et que même les chercheurs et les scientifiques qui nous écoutent, quand ils ne sont pas des spécialistes de la discipline, ils sont comme les gens qui s’intéressent simplement à la science et qui ont envie d’en savoir plus. Donc je pense que le truc c’est ça, c’est de se mettre du côté des gens qui écoutent, du côté du néophyte, et voilà, ça fonctionne comme ça. Et nous, ça fait maintenant 12 ans qu’on est aux commandes tous les jours et qu’on a toujours autant de plaisir d’ailleurs à faire ça.
Se forger sa propre culture des sciences en allant aussi vers ce qui est parfois un peu rugueux, voire incompréhensible
Oui, c’est ça. Exactement. Il ne faut pas avoir peur d’aller vers le rugueux. Parce derrière le rugueux, il y a souvent des choses très belles. D’abord il y a toujours du travail, et ce travail-là, on le fait toujours encore aujourd’hui. Cette culture, on se la forge encore au quotidien. Et moi, j’avoue que c’est pour ça que j’aime autant cette émission, c’est parce que, à titre personnel, en tant qu’individu, citoyen, elle m’enrichit quotidiennement et que mon cerveau se nourrit tous les jours des gens que j’ai à mon micro et ça, ça n’a jamais cessé d’être intense. Et puis, effectivement, il y a des matières qui peuvent faire peur mais il faut les affronter sans crainte parce que, d’abord, ça repose sur le scientifique. Si les gens s’intéressent à la science, c’est souvent au travers de figures particulières, de gens qui sont capables de la leur faire aimer. Le secret il est là, c’est tout, il n’y a pas autre chose.
Vous prenez deux personnes ; une qui sait vous faire partager sa passion et vous expliquer et une autre qui est dans cette incapacité-là, vous n’allez pas du tout toucher les gens de la même manière. Et vous allez passer à côté si effectivement vous invitez des gens qui ne sont pas rodés à l’exercice et qui n’ont pas ce talent aussi d’expliquer au plus grand nombre. Donc, le choix repose là-dessus, c’est vraiment l’invité, c’est le chercheur passeur qui, sans dévoyer sa discipline, arrive à expliquer avec des mots plutôt simples ce qu’il fait. Et moi ça m’arrive de faire des émissions très compliquées en apparence sur les maths ou la physique mais, il y a autre chose derrière, il y a la poésie des mots, des concepts même qu’on peut ne pas maîtriser mais qui sont beaux à écouter aussi ! Donc, il ne faut pas avoir peur aussi de ne pas comprendre. On ne peut pas tout comprendre, même au cours d’une émission, c’est pas grave. Et voilà, il faut être tranquille, confortable, se laisser aller aussi un peu de temps en temps dans des zones de turbulences mentales et intellectuelles. Et ça marche très très bien. C’est peut-être ça que nous a appris l’émission au bout de 12 ans, c’est qu’il fallait conserver toujours ce goût, cet appétit, cette curiosité et que dès lors qu’on avait les bonnes personnes à nos côtés, on était confortables, il n’y avait pas de problème, on pouvait se confronter à tout.
LES SCIENTIFIQUES ET LA VULGARISATION
J’en parle souvent avec certains chercheurs et je pense qu’il y a vraiment l’aspect transmission avec le grand public, vulgarisation, et il y a l’autre aspect qui est son travail dans son laboratoire, et ça c’est deux choses quand même assez différentes. Je pense que le scientifique, quand il fait de la vulgarisation, s’il est obsédé par ce que vont penser ses collègues de ses propos, de sa façon de vulgariser, là, il est foutu. C’est-à-dire que ,s’il n’est pas tranquille par rapport à ça et s’il a peur d’être jugé par sa propre communauté, je pense qu’il fait fausse route et qu’il ne faut surtout pas qu’il aille vers la vulgarisation parce qu’il va être dans une espèce d’état inconscient, ou conscient d’ailleurs, de stress permanent. Et que ça, ça donne des choses catastrophiques pour simplement la transmission. Mais vous voyez, c’est amusant parce que j’ai reçu très récemment un chercheur sur le rendez-vous de début d’émission qui s’appelle « La Une de la science », et qui était très paniqué de venir à l’antenne. Parce que d’abord il connaissait très bien l’émission, il l’aimait beaucoup mais il n’avait pas du tout l’habitude de l’exercice. Mais il avait un sujet de recherche qui était vraiment très intéressant. Ce scientifique, on l’a reçu, ce n’était pas extraordinaire, mais déjà ce qu’il nous a livré de son travail était très intéressant. Et puis, c’était une première pour lui, donc il l’a tentée, on l’a accompagné. Ça ne nous a pas fait peur parce que ça nous arrive aussi de recevoir des gens qui n’ont jamais fait de radio et certains se débrouillent très bien tout de suite et pour d’autres, c’est un petit peu plus difficile. Mais c’est notre rôle aussi d’aller entendre des voix nouvelles. Et puis, ce chercheur m’a envoyé un mail que j’ai reçu ce matin. Il m’a dit : « Je me suis réécouté, j’ai été nul ». Il était dur envers lui-même, même si c’est vrai qu’il n’avait pas été très très bon. Mais il nous a fait partager une recherche que l’on ignorait complètement, qui était fondamentale, qui était très intéressante, qui fait avancer la connaissance, qui nous titille parce qu’elle est curieuse, inattendue. Et en fait, le pari était réussi ! Bon, c’est vrai que ce n’était pas un grand orateur. Mais les gens qui nous écoutent ne jugent pas non plus que là-dessus. Il y a aussi l’originalité du projet. Voilà, donc lui, je pense qu’il a aussi été très stressé par le fait d’être entendu par ses confrères, et j’imagine à quel point c’est difficile, je le comprends tout à fait. Mais il faut qu’il se rassure et qu’il soit tranquille, et les choses se passent très bien. Mais après, apprendre à communiquer, c’est aussi une chose importante. Je pense que les chercheurs devraient aussi, de temps en temps pour certains, faire l’effort d’essayer aussi de transmettre. Certains ne veulent pas du tout mais ce n’est pas grave, ils ne viennent pas au micro et puis voilà, on parle avec d’autres gens mais, franchement, ça vaut le coup parce que le public est aussi en droit de savoir ce qui se passe dans les laboratoires, est en droit de savoir ce que fait la recherche publique. Et donc, ils ont aussi une petite obligation à ce niveau-là quand même, c’est de discuter de ce qu’ils font. C’est dommage de passer à côté.
Pensez-vous qu’il soit possible de faire parler toutes les sciences, autrement dit, qu'aucun domaine de la pensée, de la recherche, ne soit intransmissible ?
Ecoutez, on ne va pas se mentir. Les mathématiques, c’est selon moi en tout cas, la discipline la plus compliquée à expliquer à la radio parce qu’il y a un langage propre aux mathématiques et vous aurez beau essayer de trouver des analogies, de faire des métaphores, vous serez quand même très très loin de ce qu’est la recherche autour d’une équation ou d’un problème particulier en maths. Mais, vous pouvez faire des pas de côté, … Les gens auxquels vous vous adressez ne sont pas des gens qui vont devenir chercheurs dans votre discipline, donc ce n’est pas très grave. Après, on peut, dans les grandes lignes, expliquer, trouver des exemples, … C’est un vrai travail. Il y a des gens qui le font très bien dans ce domaine-là. Mais les mathématiques, c’est très très compliqué. Mais on peut essayer de parler d’histoire des sciences autour du concept, parler de la figure des mathématiciens qui s’y sont intéressés, essayer d’assembler autour du sujet, des éléments de compréhension. Mais c’est vrai qu’il y a quand même des sujets qui sont ultra-difficiles. Hier, je demandais à Jean-Philippe Uzan (ndlr : astrophysicien) à l’antenne, d’essayer d'expliquer la physique quantique à un enfant de 10 ans. Il n’a pas su le faire, alors que c’est un excellent vulgarisateur ! Il m’a dit « C’est très compliqué… »
Et puis après, il y a le temps d’antenne qu’on vous offre : entre 2 minutes dans un journal ou 30 minutes dans une interview, ce n’est pas la même chose… Mais je pense que tout est possible. Vraiment, on ne s’interdit rien. Il ne faut rien s’interdire. Parce qu’il y a toujours quelque chose d’intéressant. Et même si on n’en comprend que le quart, c’est pas très grave.
CULTURE SCIENTIFIQUE : PLÉBISCITÉE PAR LE PUBLIC, DÉCONSIDÉRÉE PAR LES « ÉLITES »
La TAC est l’une des émissions les plus écoutées et podcastées, qui témoignent d’un appétit fort et qui, peut-être a surpris, pour les sciences et la culture scientifique. Si les auditeurs font en un sens communauté, ils restent cependant « éparpillés ». Comment appréhendez-vous la culture scientifique au plan collectif et sociétal ? Est-elle prise en compte ? Et en quoi doit-elle être défendue ?
Il ne fait aucun doute que le public, la société, les citoyens, s’intéressent et aiment la science parce que, avant tout, on a envie d’apprendre, d’être plus intelligents. Et la science y participe largement parce qu’elle a au moins cette vertu, c’est de nous ouvrir sur des sujets tellement vastes qui concernent toutes les échelles du monde, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, que, on voit partout un appétit d’ailleurs grandissant. Je trouve que la science, depuis 10 ans, a pris une ampleur beaucoup plus importante, qui a été amplifiée par le web, par toutes les actions qui sont menées en régions évidemment, par les associations, par les médias. Même si on peut regretter la disparition de rubriques scientifiques ou environnementales dans certains journaux, je trouve que, quand même, il y a de plus en plus de documentaires, de livres sur la question. Il y a quand même quelque chose qui est très riche et qui marche. C’est-à-dire que le public vient, se déplace lors d’expositions, va dans les centres culturels, a un appétit. On le voit d’ailleurs avec les podcasts que ce soit sur France Inter, sur France Culture, les émissions de sciences, ça fonctionne, c’est absolument indéniable. Donc, c’est qu’il y a quelque chose qui prouve que le grand public s’y intéresse puisque, encore une fois, on ne s’adresse pas aux scientifiques.
De l’autre côté, il y a ceux qui nous dirigent et là c’est le grand problème. Parce que, du côté des élites, et du côté des hommes politiques, il y a quand même un déficit de culture scientifique qui est catastrophique. Et la science, parce qu'elle est considérée bien souvent comme quelque chose de pas forcément facile à comprendre, n’occupe pas sa juste place. C’est-à-dire que, quand on parle de culture, on y met très facilement le cinéma, le théâtre, la littérature, la peinture, etc. Mais placer la science DANS la même famille que celle des autres disciplines culturelles, ça ne paraît pas logique et c’est bien dommage. Parce qu’elle a non seulement sa place à côté de toutes ces matières, mais elle devrait presque briller au milieu de toutes les autres tellement elle est diverse et variée. Donc, on a un vrai problème, et on le voit d’ailleurs à la façon dont on traite la science et les chercheurs, avec les budgets qui sont de moins en moins importants, la façon dont on oblige les chercheurs à travailler dans des conditions parfois très très compliquées. Là, il y a quand même quelque chose qui pose problème, parce que nos élites n’ont pas la culture scientifique, tout simplement. Il y a donc là quelque chose à essayer d’améliorer parce qu’il y a un terrible malentendu entre l’attente du public, son intérêt, sa curiosité, et la réalité politique à côté.
La démission de Nicolas Hulot ne pointe-t-elle pas aussi ce manque de dialogue, d’échange, de connaissance, ou cette volonté de ne pas entendre, ou de ne pas faire lien avec la communauté scientifique entre justement les politiques et les scientifiques ?
Mais le problème il est là ! Le problème, c’est qu’on n’écoute pas les bons experts d’abord. Effectivement, Nicolas Hulot pointait le problème des lobbys et des conflits d’intérêt, je pense que c’est absolument primordial et majeur. C’est-à-dire que, s’il y a bien une chose à préserver, c’est l’indépendance des chercheurs et le fait qu’ils soient justement protégés dans leurs recherches fondamentales par une liberté absolue. C’est absolument essentiel de ne pas être guidés par des intérêts industriels ou économiques. Donc la question des lobbies est primordiale.
Il y a aussi sur la question environnementale et climatique, un problème de saturation aussi au niveau du discours, c’est-à-dire qu’on voit quand même, et puis c’est normal, n’importe quelle personne au bout d’un moment ne va plus pouvoir entendre les messages catastrophistes et il va falloir trouver d’autres parades pour faire comprendre ce qu’il se passe… D’ailleurs, Nicolas Hulot avait fait un film qui s’appelait « Le syndrome du Titanic » qui n’avait pas trouvé son public je pense parce que le titre comme le fond étaient beaucoup trop catastrophistes et anxiogènes. Et je pense qu’à un moment, on n’arrive plus à intégrer les informations, on ne peut plus les entendre, même si on a l’impression que c’est une évidence, qu’on court droit à la catastrophe et que la maison est en train de brûler, mais voilà… Je pense donc qu'il y a aussi tout un art de la discussion, de la façon de présenter les choses, d’impliquer le citoyen, pour faire en sorte aussi qu’il puisse recevoir des informations et en faire vraiment quelque chose.
Pour écouter l'interview de Mathieu Vidard :
Un parcours de Lettres aux Sciences : https://soundcloud.com/user-62...
Relever le défi de la Tête au carré : https://soundcloud.com/user-62...
Les scientifiques et la vulgarisation : https://soundcloud.com/user-62...
Culture scientifique, grand public et élites : https://soundcloud.com/user-62...